lundi, 10 septembre 2018 10:24

Eurocamp 2018. “Amour exagéré”

par le Père Maurizio Zorzi, sss

Tu as accueilli l’invitation à participer à l’Eurocamp. Je le confie à ton amour et à ta responsabilité. Je l’accueille, j’en prends soin et je fais en sorte qu’il soit pour moi et pour chacun une expérience de l’amour exagéré de Dieu !

Eurocamp2018C’est avec ces paroles et avec la remise d’un petit carton sur lequel étaient reportés le logo, le slogan, les thèmes de chaque journée et l’image d’un plant de vigne, qu’a commencé l’Eurocamp 2018 à Thy-le-Château en Belgique, où nous étions accueillis par une Communauté des Béatitudes.

Nous étions peu, en tout une vingtaine, mais pleins de joie et de désir de vivre une semaine d’amitié, de fraternité, de prière et de réflexion autour de l’Eucharistie, sacrement de “l’amour exagéré” de Jésus pour les hommes. Jour après jour, en suivant la méthode propre à l’Eurocamp, nous avons pu nous rendre compte que nous étions “des fils aimés de Dieu”, appelés à vivre l’amour que nous avons reçu et à en faire chaque jour un don de la vie.

Jeudi 2 août, jour de la fête de St Pierre-Julien Eymard, nous avons vécu, comme chaque année, une célébration de l’Eucharistie sur toute une journée : les rites d’introduction de la messe à la prière du matin, la Liturgie de la Parole durant la matinée jusqu’à la fin de l’après-midi, et la Liturgie Eucharistique avant le dîner. C’est une expérience que les jeunes aiment beaucoup et à laquelle ils aiment participer ainsi que les animateurs. Les témoignages des participants nous disent qu’ils réussissent vraiment à comprendre, de cette façon, l’importance et la beauté de la célébration de la messe dans leur vie.

Après la communion eucharistique, avant la bénédiction finale, une “Lettre du P. Eymard aux jeunes”, écrite pour l’occasion par le P. Manuel Barbiero, que je remercie encore pour sa disponibilité et la beauté de ce qu’il a écrit, a été confiée à chacun. Nous l’avons lue en silence, en compagnie du Seigneur Jésus qui venait de s’offrir à nous dans les signes du pain et du vin consacrés. Nous aimerions pouvoir la partager le plus possible, et c’est pour cela que nous la reportons à la fin de cet article, en annexe : vous pouvez, vous aussi la lire et l’apprécier !

Vendredi 3 et samedi 4 août ont été dédiés aux choix pour le futur : à travers le désert, le silence, le Chemin de Croix (le texte avait été composé par des jeunes qui avaient accepté le défi que le Pape leur avait proposé en cette année 2018, Chemin de Croix dédié en général aux jeunes générations et en vue du prochain synode), le sacrement de la Réconciliation et une “déclaration personnelle d’engagement”, chaque participant a élaboré un petit programme de vie comme une généreuse réponse à l’amour exagéré de Dieu que nous avons connu.

Eurocamp18 03Ce fut beau aussi de passer une journée à Bruxelles, et d’abord de rendre visite à la communauté du St Sacrement de la Rue de Wavre : nous avons prié ensemble devant l’Eucharistie, puis, après le pique-nique dans la salle paroissiale, accompagnés par les pères Maurits Gijsbrecht et Omer Termote, nous avons fait un long périple dans la ville. Cela a aussi été un moment important pour l’Eurocamp : se rendre compte de la famille sacramentine, des lieux importants de la vie du P. Eymard, et sentir toute la fraternité qui provient de l’Eucharistie.

J’ai beaucoup aimé le dernier jour, accueillir les témoignages des jeunes, et des enfants de Els, la maman “ancienne de l’eurocamp” qui s’est chargée de la lourde tâche de l’organisation logistique. Sara, David, Aaron et leur amie Kareen, qui nous ont manifesté toute leur joie d’être restés et d’avoir participé, avec nous, à l’Eurocamp. Leur enthousiasme nous font bien espérer pour le futur.

Je suis sincère : j’avais l’intention d’arrêter cette expérience de l’Eurocamp après 33 années. Je pensais qu’il n’avait plus d’intérêt pour les adolescents et les jeunes, mais ce que nous ont dit ces jeunes, ainsi que Elisabeth et Jean-Luc, responsables de la Communauté des Béatitudes (c’était un super camp, nous avons été heureux de vous avoir avec nous, continuez à travailler avec les jeunes pour que l’amour du Christ pénètre un peu plus leur cœur) m’a convaincu de continuer. Certes, j’aimerais plus d’intérêt et de participation de la part des religieux du St Sacrement pour faire connaître cette expérience de “vie dans l’Eucharistie” ! Je veux plus de courage pour en parler, plus de joie dans la transmission des nouvelles, plus d’audace pour approcher les jeunes. J’aimerais aussi plus de collaboration avec le groupe d’animation : au fond il s’agit de notre vie, de notre charisme à partager avec les plus jeunes.

C’est notre espérance. C’est notre souhait. C’est une partie de notre... futur.

Alors voici l’annexe dont je vous parlais plus haut : la lettre de l’Eurocamp confiée aux jeunes jeudi soir, durant le silence après la communion.

Bonne lecture....

Et si vous avez envie de connaître tout l’itinéraire spirituel de l’Eurocamp, faites le savoir : nous le partageons volontiers, en espérant qu’il pourra être utile aussi pour d’autres/pour vous dans la pastorale avec les jeunes.

 

Lettre composée par le p. Manuel Barbiero, sss

Mon cher ami,

tu es en train de vivre une semaine particulière, l’Eurocamp.

Je profite de cette occasion pour te partager une aventure qui m’est arrivée il y a quelques années.

Dans ma vie j’ai toujours désiré faire des grandes choses pour Dieu. A un certain moment j’ai pensé que c’était bien de fonder une communauté à Jérusalem, dans le cénacle même, où Jésus a célébré la dernière Cène avec ses disciples et instituée l’Eucharistie.

Je ne pensais pas que la chose était si compliquée que ça, et qu’elle aurait trainé si longuement.

Je suis allé à Rome pour traiter ma question, et pendant que j’étais là j’ai décidé de faire une retraite, qui a duré 65 jours.

C’est pendant cette retraite que Dieu m’a fait comprendre ce qu’il voulait vraiment de moi : le don de moi-même.

Parfois nous avons l’impression de donner à Dieu pas mal de choses, même importantes. Dieu, à travers son Esprit Saint, m’a fait comprendre que si nous n’arrivons pas à donner totalement notre cœur à Dieu, nous n’avons rien fait et rien donné. Il m’a révélé un autre cénacle : le Cénacle intérieur.

Qu’est-ce que c’est ce Cénacle intérieur ?

C’est Jésus qui a envahi totalement ma vie. J’ai eu l’impression qu’il m’attendait là à Rome, pour me dire qu’il voulait vivre en moi, se former en moi, grandir en moi, me faire partager son amour pour son Père et pour tous les hommes, me faire partager jusqu’au bout son mystère pascal de mort et de vie.

Au fur et à mesure que je permettais à Jésus Christ de prendre forme en moi, je me suis rendu compte que ce n’était plus moi qui vivait, mais lui, le Christ qui vivait en moi.

J’ai découvert, comme à nouveau et d’une manière plus profonde, que Dieu m’aime, moi, personnellement, comme je suis, d’un amour infini et éternel.

J’ai accepté de demeurer dans cet amour, en toute simplicité, comme un enfant. Je me suis mis et remis entièrement à disposition de l’Esprit Saint, afin de me laisser conduire par lui, façonner par lui. C’est l’Esprit Saint qui m’a conduit à faire le don de moi-même.

Je me suis trouvé comme établi dans une relation nouvelle avec Jésus, dans une union d’amour et d’amitié tellement forte que par cette union mes actions devenaient en quelque sorte les actions de Jésus Christ. La vie de Jésus, ses pensées, ses sentiments, ses désirs, sa manière d’agir me pénétraient et devenaient mes pensées, mes sentiments, mes désirs.

J’ai pris alors la décision de lui laisser la direction de mon existence, de me mettre sous sa conduite, pour vivre de son esprit.

En lui je trouve tout. Jésus Christ est mon maître intérieur, l’hôte de mon âme et de mon corps, mon guide, mon modèle. En un mot : le Dieu de mon cœur. Je l’aime et je veux lui ressembler en tout, avoir les mêmes sentiments que lui, m’identifier à lui.

Mais fais attention, mon cher ami, pour vivre cette vie d’union il faut donner tout : cœur, esprit, intelligence, jugement, pensée ; travailler en union avec Dieu, devenir intérieur, demeurer en lui, comme lui demeure en nous, vivre dans l’action de grâce, afin d’être heureux en lui.

Cela est possible grâce à l’Eucharistie, qui est le don de Jésus Christ lui-même, don concret, incarné, le don de son corps et de son sang, expression de la profondeur de son amour.

Grâce à ce don, qui s’offre en nourriture, tous peuvent apprendre à donner et à recevoir.

J’ai tout simplement répondu, dans l’amour, et grâce à l’amour, au « Don de Dieu » par le don de moi-même.

Peut-être, voudrais-tu savoir ce que ce don a produit en moi, dans ma vie, concrètement.

Pendant la retraite j’ai écrit à une religieuse, qui m’avait procuré le pain quotidien les premiers jours de la fondation de la Congrégation, qu’à mon retour je voulais lui donner un « pain nouveau ». Je me voyais devenu comme « une pâte nouvelle, … comme le pain de la Pâque » (1Co 5,7), comme une autre Eucharistie, avec Jésus, pain rompu pour la vie du monde.

Je me suis remis tout entier à Dieu, à sa volonté. Et quand j’ai reçu la réponse négative de la part de Rome au sujet du cénacle de Jérusalem, j’ai adoré les desseins de Dieu et béni sa sainte volonté.

Aussi mes rapports avec les personnes ont changé. Combien de critiques et d’incompréhensions de la part de certains de mes religieux ! Mais je me suis abstenu de les juger, je les ai excusés, j’ai choisi le silence et la patience, la douceur et la charité, le service et la prière.

Le Christ en moi a fait triompher l’homme nouveau, l’homme intérieur, qui vit de la force qui vient de l’amour.

Je te souhaite, cher ami, de faire la même expérience que celle que j’ai faite. Je prie pour toi et je demande pour toi le don de l’Esprit Saint.

Eymard firma