L’Archevêque continua son discours ainsi : « Demain matin, à la première heure, mon Vicaire pastoral, P. Pedro Rubiano Saenz, vous conduira dans les différents quartiers pour que vous puissiez choisir ». Curieusement, le vicaire susmentionné, des années plus tard, est devenu l'Archevêque Primat de Colombie dans la ville de Bogotá. Aujourd'hui, au moment où nous écrivons cette chronique, il est à la retraite du fait de son âge et en mauvaise santé.
Effectivement, le lendemain, tôt le matin, dans la voiture du vicaire pastoral, ils se sont dirigés vers un quartier appelé El Rodeo.
Le Vicaire n’avait pas tenu compte de la pluie tombée la nuit précédente, ni du terrain limoneux du quartier en question. Ce qui est sûr c’est que la voiture s’est embourbée dans le sol et nous avons dû demander de l'aide aux voisins pour la sortir de là. Ainsi le religieux SSS a dit au Vicaire : « Dieu nous parle, il veut que nous restions ici ». Et c’est là que le père est resté.
Notre religieux SSS était là lorsque le Supérieur général, P. Harry Verhoeven, arriva à Popayán. Celui-ci, intéressé par ce que lui racontaient les religieux de Popayán, voulut aller voir ce qui se passait à Cali. Avec une telle malchance, que nous avons failli nous retrouver sans Supérieur général.
Il est vrai que le P. José Martín Eguiguren, curé de la paroisse de Santo Domingo de Popayán, et le Père Général, n'avaient pas choisi le meilleur jour pour faire cette visite.
Le trajet de Popayán à Cali se faisait par une route à double sens, aller et retour. Et ce qui devait arriver arriva. Une voiture en direction de Popayán, roulant à toute allure, voulut dépasser un camion au moment où la pluie tombait à seaux et au milieu d'un épais brouillard. Le Père José Martín qui allait en direction de Cali se retrouva en face de ce conducteur irresponsable et fut obligé pour l’éviter de donner un violent coup de volant. La voiture quitta la route, et le Père Général fut éjecté de la voiture et tomba dans un champ, tandis que le Père José Martín, un homme de 120 kilos, se retrouva avec la jambe emprisonnée dans sa voiture. Avec toutes ses forces il réussit à libérer sa jambe, et il commença à chercher où pouvait se trouver le Père Général, avec l'angoisse de se demander s’il était vivant.
Dieu merci, notre homme était vivant. Blessé oui, mais vivant. Avec une marque sur son front qui lui est restée comme souvenir jusqu'à sa mort. Ce même jour, ils arrivèrent à Cali, au couvent des religieuses Sœurs de Mère Laura, qui s’activèrent rapidement pour s’occuper d’eux et soigner leurs contusions.
À suivre…
Père Lucinio Martin Herrero, sss
Colombie-Pérou, NOTIBIP 86 - Novembre 2022
