vendredi, 04 septembre 2020 20:48

À propos du centenaire de la présence éducative SSS en Argentine

Aussi incroyable que cela puisse paraître, de nombreux membres de la Famille Charismatique Eymardienne peuvent ignorer l’existence au sein de la Congrégation du Saint Sacrement d'œuvres purement éducatives. Mais en raison de l‘âge de plusieurs de ces fondations, nous pouvons avoir une idée de ce que cela a représenté pour la Congrégation le fait d’avoir compris que l’Eucharistie dialogue très bien avec l’univers de la pédagogie.

Au bout de deux décennies, les Religieux SSS décidèrent de commencer une expansion continentale vers le Nouveau Monde et ils remarquèrent que, pareillement à ce qui était survenu en Europe, il était nécessaire d’avoir des lieux adéquates qui offrent aux jeunes l’opportunité d’une bonne formation à la lumière de l’Eucharistie suivant la caractéristique spécifique du charisme Eymardien.

Bien que l’érection canonique n’ait eu lieu qu’en 1937, après la dissociation définitive de la Communauté de la capitale Buenos Aires, sur la base des registres historiques disponibles jusqu’à maintenant, nous considérons le 15 août 1920 comme la date de fondation du Cénacle Argentin présent dans la ville de General San Martín.

Rappelons que durant cette période les Religieux SSS subissaient les souffrances que la Première Guerre Mondiale avait provoquées sur tout le Continent Européen. À l’époque, près de la moitié de nos religieux étaient enrôlés, même sur des fronts de pays opposés. Nous avons connu la routine de communautés interrompues, de nombreux religieux blessés et nous avons pleuré la mort de dix-huit d’entre eux.

Curieusement, il y a une centaine d’années, les Religieux SSS firent l’expérience des sacrifices imposés par une pandémie. Ils connurent les difficultés de vivre au milieu d’une forte mortalité due à la Grippe Espagnole. Même quand ils étaient à Buenos Aires, à la veille de l’achat de la propriété de General San Martín, ils ont dû faire face à ce mal qui dans la petite Argentine d’alors tua plus de quatorze mille personnes.

Par conséquent, les difficultés face à la guerre et à une forte pandémie n’empêchèrent pas la Congrégation de rêver et de canaliser ses forces dans la construction d’une maison d’instruction au service des familles pauvres du pays. L’expansion déterminée des Religieux SSS s’est faite au milieu des limitations propres du moment mais toujours avec la décision sans équivoque d’élargir les frontières eucharistiques en se greffant d’une manière organisée sur l’éducation des jeunes. Comme le disait le Supérieur général de l’époque, p. Eugène Couet : Si la Congrégation doit vivre, elle doit conserver ses Juvénats, ses Noviciats et ses Scolasticats. Nombreuses sont les indications de la volonté du Seigneur pour que tout ceci s’organise définitivement dans l’Institut (Evers, Le T. R. P. E. Couet, 45).

Le Religieux SSS a la tête du groupe fondateur à General San Martín fut le p. Enrique Jausion. Il avait déjà à son actif une expérience de travail dans le domaine éducatif aussi bien en France qu’en Espagne. Après avoir vécu comme réfugié en Belgique et aussi au Pays Basque, il fut transféré à Buenos Aires pour diriger un magazine à diffusion nationale, et enfin il couronna sa vie de religieux avec l’ouverture du Juvénat du Saint Sacrement, comme on l’appelait alors.

Centenario Colegio Eymard SM 3

Le Collège Eymard, tel que nous le connaissons aujourd’hui, a toujours porté le titre d’École Apostolique du Saint Sacrement, indiquant ainsi que sa mission était de former des personnes qui agissent dans la société comme des Apôtres de l’Eucharistie. En d’autres termes, par leur formation nos étudiants sèmeraient dans le Sud du Continent Américain la Fraternité, la Prière et le Service par leur témoignage, à partir de leur apprentissage, que cela est la formule de vie pour tout ce qui est touché par l’appel eucharistique.

Nous savons que le Collège Eymard a revêtu différentes formes tout au long de ces cent années. D’un Juvénat masculin à une école mixte avec des titres officiels, de Noviciat à pôle de formation à distance en cette année de pandémie. Toujours avec une continuité qui unifie tous les moments de son histoire : l’ingéniosité d’instruire les jeunes suivant le charisme spécifique Eymardien.

En tant que Famille Charismatique Eymardienne, nous ne pouvons pas ignorer notre travail éducatif au prix de rabaisser la variété et la richesse de l’apostolat eucharistique. Peut-être que ce centenaire servira comme rappel de ce que le dernier Chapitre Général a constaté : actuellement notre Congrégation mobilise plus de huit mille étudiants avec leurs familles, outre les quelques centaines de collaborateurs directs et indirects. Ne serait-il pas temps de mieux connaître cette tradition, déjà centenaire, de notre Congrégation présente en de nombreux pays ?

27 juillet 2020

Pour les Religieux SSS de General San Martín:
Frère Gilton Ferreira de Holanda, sss