Le père Anthony McSweeney SSS célèbre l'eucharistie à Melbourne, en Australie.

Le père Anthony McSweeney était mon prédécesseur. J'ai travaillé avec lui à Rome pendant six ans; il était le Supérieur général de la Congrégation du Saint-Sacrement, et j'étais son vicaire. Lorsque j'ai rejoint son administration (ou, comme il préférait toujours utiliser le terme, son ministère), le Père Tony, comme l'appelaient ses amis et collègues, entamait son deuxième mandat de six ans en tant que Supérieur général. Je venais de l'enseignement et de la pastorale. Le Père Tony avait déjà passé de nombreuses années à Rome en tant qu'étudiant de l'Université Grégorienne dirigée par les Jésuites, puis en tant que membre du précédent Conseil Général avant d'être élu Supérieur Général. Ainsi, lorsque j'ai commencé à servir la Congrégation avec lui, il avait déjà vécu un temps considérable à Rome.

Le Père Tony est un académicien très intelligent, généreux, engagé et grégaire. En plus de ses douze années en tant que Supérieur général, le Père Tony a également servi en tant que Président élu de l'Union des Supérieurs Généraux pendant les trois dernières années de son ministère pour la Congrégation SSS. Il s'est toujours comporté comme un véritable homme d'Église et un honnête dirigeant de la Congrégation. C'est pour ces raisons que j'ai décidé de me rendre à Melbourne, en Australie, après le Chapitre Général SSS au Vietnam. Je voulais connaître ses pensées et ses idées alors qu'il occupait plusieurs postes importants à Rome.

Au départ, j'avais l'intention de l'interviewer. Je lui avais donné 18 questions à méditer et auxquelles donner une réponse comme il le préférait. Eh bien, les choses se sont déroulées tout à fait différemment. À peine nous étions-nous assis pour discuter (je pensais) des questions préparées, que nous avons commencé à nous remémorer et à partager nombre de nos expériences communes, et nous nous sommes lancés dans un récit collectif que nous n'avons jamais abandonné pendant les trois jours qu'a duré notre rencontre.

Au cours de nos échanges, j'ai réussi à noter plusieurs aspects significatifs du service, long et dévoué, du Père Tony à l'Église et à la Congrégation. En tant que Supérieur général, au cours de son premier mandat, il fut chargé d'obtenir l'approbation de la nouvelle Règle de Vie de la Congrégation. Il a révélé que cette tâche n'était pas facile. Les représentants du Vatican firent quelques suggestions, qui étaient assez faciles à inclure puisqu'elles couvraient des points spécifiques du droit canonique de l'Église. Mais lorsqu'ils abordèrent la question du numéro trois de la Règle sur la mission de la Congrégation, le Cardinal responsable des représentants du Vatican demanda que ce numéro soit réécrit. Le Père Tony répondit qu'il n'avait aucune autorité pour le faire puisque la Règle avait été approuvée à l'unanimité par le Chapitre Général et que son mandat, donner par ce même Chapitre, était de faire approuver cette Règle par le Vatican. Le conflit s'est poursuivi jusqu'à ce qu'un nouveau Cardinal soit nommé à la direction des représentants du Vatican. Ce cardinal se montra plus compréhensif à l'égard de notre situation, et la Règle fut finalement et définitivement approuvée. La Congrégation SSS sera toujours reconnaissante au Père Tony pour son courage et sa patience dans cette entreprise importante.

Au cours de son second mandat, le Père Tony fut chargé de veiller à ce que les religieux profès, les communautés et les provinces connaissent et acceptent cette nouvelle Règle de Vie. Un défi de taille que la Congrégation s'efforce toujours de relever.

En tant que président de l'Union des Supérieurs Généraux, le plus grand défi du père Tony fut d’intervenir officiellement au rassemblement des Religieux Supérieurs d'Amérique Latine - ce qui fut un exercice d’équilibre. Le père Tony devait soutenir le groupe et ses objectifs tout en leur rappelant leurs obligations collectives de respecter les positions du Vatican sur certaines questions controversées.

Sur une note plus personnelle, le père Tony s'est toujours considéré comme un communicateur raisonnable et juste qui aime enseigner. Hormis quelques petits problèmes de mémoire liés au vieillissement, le père Tony fonctionne toujours ‘à plein régime’, il célèbre les liturgies eucharistiques et se déplace en voiture en temps et lieux nécessaires. Le père Tony conserve toujours le souvenir de ses amis dans son cœur, même si ce n'est pas toujours par téléphone ou par email.

Père Norman Pelletier, sss
Bethany Center, Highland Heights, Ohio