mercredi, 02 novembre 2022 11:31

« Revenons au goût du pain » pour une Église eucharistique et synodale XXVII Congrès Eucharistique National italien à Matera 22-25 septembre 2022

La ville de Matera, bien qu'étant l'une des plus petites villes d'Italie, a accueilli la célébration du XXVIIe Congrès Eucharistique National italien. Ces dernières années, Matera est passée de ville de "honte nationale" à "patrimoine de l'Unesco", "Capitale européenne de la culture", et enfin la ville du "Congrès Eucharistique National".

Ce choix était motivé par une tradition, celle du pain, qui dans une clé eucharistique permettait de lire et de vivre le Congrès.

À sa petite manière, Matera a lancé son invitation: «Venez à l'écart, dans un lieu solitaire, et reposez-vous un peu» (cf. Mc 6, 31), venez vous émerveiller et redécouvrir le silence qui résonne et habite les anciennes grottes de pierres, venez retrouver le goût du pain quotidien et du pain eucharistique.

Environ 1800 personnes, dont des évêques, des délégués et des pèlerins, représentant des diocèses et des régions de toute l'Italie, ont répondu à l'invitation.

Le Congrès eucharistique de Matera a été conçu comme une étape contemplative du cheminement synodal, celui d'une Église à l'écoute des signes des temps, de la voix des différentes réalités de la communauté chrétienne.

C’est dans l'esprit de la synodalité que les matinées du Congrès ont été élaborées. Les participants, répartis en dix paroisses de la ville, ont célébré l'Eucharistie, écouté la méditation tenue dans la cathédrale, et plus tard, après un temps de réflexion personnelle, ils ont pu échanger leurs expériences en petits groupes. En fin de matinée, il y avait le partage, l’accueil d'un témoignage et le déjeuner.

Le slogan du Congrès, « Revenons au goût du pain », s'est avéré riche d'idées suscitées par la symbolique biblique, humaine, terrestre et spirituelle du pain.

Conduit par la main de l'évêque de Mantoue, Mgr. Gianmarco Busca, nous avons vécu le voyage du pain, passant de table en table.

Le pain est le fruit de la terre, c'est la table de la création qui nous l'offre. Le pain nous rappelle la table de la maison, de la vie ensemble, où l'on apprend l'art des relations authentiques. Le pain nous conduit ensuite à la table de l'autel où l'on retrouve le Christ qui accueille chaque homme et se fait pardon, nourriture, don d'amour pour faire de tous les hommes un seul corps. La table de l'autel se penche sur la table du monde, le pain est le pain de la compagnie (du latin: cum - panis) et du service. Nourris par le pain de l'autel nous apprenons à nous asseoir à d'autres tables, celles de tous les domaines où l'homme vit, lutte, souffre, se réjouit. Mais la table de l'autel se projette aussi sur la table du Royaume, le pain devient un désir impatient de l'étreinte finale, de cette table où le Fils de l'homme ceindra sa robe et viendra nous servir. C'est la table contre le drame de la mort, où l'on nous donne le pain ‘super-substantiel’ qui donne sens et substance à chaque aspect et à chaque instant de notre vie humaine.

CEN via crucis

 

CEN processione

Le secret de ce voyage réside dans le fait de ne jamais séparer les tables et qu’il soit clair que la table de l'autel est le passage crucial.

Ce beau voyage de table en table a été confirmé par la professeure Giuseppina De Simone, qui a parlé des liens entrelacés entre l'histoire du pain et de l'histoire de l'humanité. Le pain traverse les siècles et le temps, et dans le geste de Jésus il est comme recueilli et transfiguré. Le pain sacramentel, eucharistique, nous fixe dans la relation avec Dieu qui est le fondement de toutes les relations. C'est l'Eucharistie qui rend possible la réalisation de la communion ecclésiale, notre existence comme Église.

Dans la station contemplative à Matera, les troubles du monde contemporain, la reprise difficile après la pandémie, la guerre en Ukraine, les difficultés économiques des entreprises et des familles italiennes, et ceux qui débarquent sur nos côtes, ont toujours été présents devant l'Eucharistie.

Avec le goût du pain, nous avons retrouvé le vrai goût de la liturgie et de la vie, la beauté de l'Eucharistie, de l'Église, de la communauté ecclésiale, qui porte à l'autel les joies et les besognes de la vie quotidienne, qui écoute la Parole et rompt le pain et prend soin des pauvres.

Le temps a bien accompagné le Congrès, et nous a permis de nous déplacer à pied et ainsi de mieux connaître la ville de Matera. Un grand bravo à l'organisation et un grand merci aux bénévoles qui, tels des anges gardiens, étaient toujours prêts au bon moment.

CEN messa conclusione

Le congrès a connu son apogée dimanche avec la présence du Pape François. Environ 12/13 mille personnes ont rempli le stade de Matera.

Le Pape François, s'inspirant de la parabole du riche et du pauvre Lazare, a rappelé avec force que le pain que Dieu nous donne n'est pas toujours partagé sur la table du monde, qu'il n'a pas toujours le parfum de la communion et qu'il n'est pas toujours rompu au profit de la justice. Il a invité tout le monde à se convertir: de l'indifférence à la compassion, du gaspillage au partage, de l'égoïsme à l'amour, de l'individualisme à la fraternité.

Les Églises en Italie reprennent leur chemin avec un message fort qui a son point de départ dans la vécu au quotidien. Nous avons besoin de pain, celui de notre humanité et celui de l'Eucharistie, pour affronter le moment historique, difficile et douloureux que vivent nos générations. C'est précisément en ce moment qu'il est plus que jamais nécessaire de recommencer à rompre le pain de la solidarité, du partage, de redécouvrir le goût du pain pour être apôtres de la fraternité et devenir pain de tendresse et de miséricorde, pain d'espérance et de joie pour tous.

Père Manuel Barbiero, sss
Supérieur Malmantile

Dernière modification le mercredi, 02 novembre 2022 11:43