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vendredi, 15 décembre 2017 11:22

Les Religieux du Saint-Sacrement et la Grande Guerre

Par Père Camille Gagnon, sss

 

Livre GuittonPar courrier postal j’ai reçu le dernier livre “sui generis” signé par le P. André Guitton, publié en juin 2017 par Nouvelle Cité. Il présente les écrits de religieux du Très Saint Sacrement en service militaire durant la Grande Guerre pendant les années 1914-1918 et transmis aux autres religieux de la Congrégation par le Supérieur général de ce temps, le P. Eugène Couet.

J’ai dit “sui generis” car c’est un livre bizarre: correspondances écrites en temps de guerre et statistiques. Je l’ai lu en grande partie et parcouru en son entier. Je vous livre mes impressions.

  • Le rôle du P. Couet

Il a transmis fidèlement à la Congrégation les témoignages des religieux en service militaire. Le témoignage de confrères qui se confiaient à leur famille. J’ai senti que le P. Couet tenait à cœur cette famille.

Dans ma mémoire, au sujet du P. Couet, selon la tradition écoutée des anciens, dans le deuxième terme de son généralat, qui dura vingt-quatre ans, et en particulier au sujet de la création des Provinces dans la Congrégation, on me l’avait présenté comme “Un Père Éternel qui fait de ses fils des crucifiés”. On me parlait de religieux déportés ou nommés en communautés lointaines, Buenos Aires entre autres.

Je lui dois ma reconnaissance pour son humanité et son attention envers ces frères, qui ressortent de ce livre.

  • Les religieux en service

Des hommes, souvent très jeunes, avec leur foi et leurs idéaux religieux, en pleine mêlée, dans les tranchées et, comme on affectait généralement les religieux aux services d’infirmerie, très souvent racontant leur présence près des tranchées pour recueillir les blessés ou les morts. Racontant aussi leur joie d’avoir pu célébrer l’Eucharistie, communier ou faire ses Pâques ou encore prier dans une chapelle de fortune. Comment dans ces circonstances de guerre maintenir son engagement? Mais aussi comment ces expériences les auront blessés? Certains ne sont pas retournés à la Congrégation après la Grande Guerre.

  • L’auteur du livre André Guiton

Nous lui devons surtout cette biographie de Saint Pierre-Julien Eymard notre Fondateur. Ceux qui auront eu la chance de le rencontrer connaissent son érudition d’historien.

Avec ce nouveau livre j’ai senti que l’historien donnait place non pas à l’Histoire mais à la vie concrète de personnes, fussent-elles déclarées saintes comme Pierre-Julien ou simplement déchiquetées par un obus sur les tranchées. C’est aussi une leçon d’histoire.

En conclusion, ce livre “sui generis” de notre frère André Guitton dit peut-être beaucoup plus que les pages publiées: témoignages, statistiques, circulaires. Je l’ai lu et vécu comme une page de vie de la famille eymardienne.