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mercredi, 09 mai 2018 10:23

13 mai 1856

Le 13 mai, mardi de la Pentecôte, le P. Eymard se présenta vers 1 heure et demie à l’archevêché pour recevoir sa réponse. Il y rencontra l’abbé de Cuers qui l’attendait, intéressé tout autant que lui par la décision qui serait communiquée. En réalité, la réponse était négative. L’archevêque s’était prononcé contre cette œuvre, qu’il jugeait inopportune. Les deux visiteurs attendaient avant d’être introduits dans le bureau de l’évêque auxiliaire. Et puis, tout bascula à partir d’un événement imprévisible. Mais laissons la parole au P. Eymard lui-même :

« Nous attendions dans le vestibule, lorsque l’archevêque, qui ne reconduisait jamais ses visiteurs aussi loin, fut en quelque sorte obligé de venir par politesse jusqu’au perron, afin de faire honneur à l’amiral de Parceval qui le quittait. En rentrant, il aperçoit les deux prêtres, vient à eux : « Qui êtes-vous ? – Monseigneur, c’est Mgr de Tripoli que nous attendons. – Mais enfin, reprend avec vivacité Mgr Sibour, ce que Mgr de Tripoli fait ici, l’archevêque peut bien le faire. Que désirez-vous ? »

Je dis alors quelle réponse nous venions chercher. « Vous êtes un prêtre mariste ? – Oui, Monseigneur. – Mgr de Tripoli m’a mis au courant, reprend Mgr Sibour… Oh ! non… C’est purement contemplatif … Je ne suis pas pour ces choses-là… Non, non! »

Je repris avec feu: « Mais, Monseigneur, Votre Grandeur se trompe sur notre but. Ce n’est pas une Société purement contemplative. Nous adorons sans doute, mais nous voulons aussi faire adorer. Nous devons nous occuper de la première communion des adultes. Nous voulons mettre le feu aux quatre coins de la France, et d’abord aux quatre coins de Paris, qui en a tant besoin. »

En entendant ces mots, le visage de l’archevêque s’illumine soudain. « La première communion des adultes ! s’écrie-t-il. Ah ! c’est l’œuvre qui me manque, l’œuvre que je désire. »

Il paraissait enthousiaste. »

L’archevêque entraîne le P. Eymard et l’abbé de Cuers dans la salle du Conseil, où se trouvaient déjà rassemblés Mgr de Tripoli et M. Carrière, supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice. Il propose l’œuvre avec éloge. Il l’autorise et l’approuve. « Dès aujourd’hui, vous êtes mes enfants », leur dit-il. Et il les bénit avec effusion.

 

André Guitton, L’Apôtre de l’Eucharistie, 2012